vendredi 28 octobre 2016

Quelques choses à savoir quand on débute le tango argentin

Je reprends ici un article de Eric Schmitt et Marie-Pierre Gabis que je trouve très juste, et qui prolonge aussi les réflexions de Chicho.
Pour voir l'original, cliquez ici. Et n’hésitez pas à consulter leur blog. Il est plein d'idées.

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PRESENTATION

Certains peuvent envisager l'apprentissage du tango avec une certaine appréhension ou avec des représentations faussées. Le but de ce post est d'en poser les perspectives, de rectifier quelques éventuelles idées reçues  et de donner quelques conseils au débutant qui lui permettent de bien évoluer.

- Le tango argentin n'est pas une activité marginale sur Toulouse. Il y a en effet possibilité de le pratiquer quasiment tous les soirs de la semaine et du week end tant le réseau associatif  qui s'y dédie est dense. Pour un danseur les possibilités de sorties dans le circuit du tango argentin sont donc importantes d'un point de vue numérique.

- Le tango argentin n'a pas vocation à s'apprendre avec les mêmes méthodes que d'autres danses de couple (et notamment les danses de salon). Si vous avez déjà pris des cours d'autres danses, il vaut donc mieux ne pas y importer calquer des schémas ou des concepts venus d'ailleurs tels que le "pas de base", ou des "passes". Le "pas de base" du tango c'est tout simplement la marche! Quant aux "passes" ou aux "enchainements" autant oublier le concept en bal, car il n'y a tout simplement pas la place de les "caser". Le tango est une danse d'improvisation, donc chaque pas peut ouvrir sur quatre ou cinq possibilités différentes. Par contre une structure peut être un prétexte à travailler en cours un certain nombre d'éléments essentiels (par contre elle a vocation à être décomposée et recomposée de plusieurs façons). Plutôt que de focaliser sur des formes, le vrai sujet porte sur la maîtrise de certains éléments indispensables: l'ancrage au sol, l'axe, la dissociation, la fluidité de la jambe libre et surtout la connexion et la musicalité. On peut connaitre plein de structures sans avoir travaillé les éléments précités... pour un résultat désastreux

-Soyez réguliers dans l'apprentissage: venir en cours quand on en a envie seulement ne sera jamais un moyen d'évolution. Le tango demande une implication et une régularité durant les premières années d'apprentissage.

-La question du (de la) "partenaire" est souvent posée. Faut il venir avec un partenaire? La réponse est simple. On peut venir avec un partenaire qu'on connait déjà et avec qui on s'entend bien mais ce n'est pas une obligation, car la plupart des participants s'inscrivent aux cours  en solo. Le "marché" se fait donc sur place  à chaque cours en fonction des présents et des affinités de travail. Toutefois le travail avec un partenaire fixe connait de vraies limites avec notamment le risque de figer son tango dans des formules et des arrangements avec une seule personne, en pénalisant l'adaptabilité avec d'autres  personnes. Or, si l'on apprend, c'est pour aller en bal, et le principe du bal c'est l'échange et la variété des partenaires. Il est donc recommandé durant les cours d'échanger les partenaires.
Petit détail à savoir pour les couples à la ville: être de parfaits partenaires dans la vie n'implique pas nécessairement qu'on sera les parfaits partenaires dans la danse (et vice versa, d'ailleurs)

- LE CONSEIL: Allez très vite danser.  La finalité d'apprendre une danse  c'est de danser en bal . Ne vous dites jamais que vous irez en bal lorsque vous aurez appris. Avec le tango on n'a jamais fini d'apprendre et de découvrir. A ce compte là vous serez tentés de reculer sans cesse l'échéance. L'évolution en tango passe par la combinaison de deux voies: le cours et le bal ou la pratique. Penser que l'on peut faire l'impasse sur l'un ou sur l'autre est le meilleur moyen de ralentir son évolution. C'est pourquoi le forfait de cours inclut deux practicas dirigées et tous les participants à nos cours réguliers disposent d'une entrée automatique à chacune des practilongas organisées.
Meme si l'on ressent une certaine appréhension lors de la première milonga où l'on se rend, que l'on y danse peu, et qu'on puisse s'y sentir comme un alien, on y intègre les contraintes de la densité et de la circulation, on observe les autres danseurs (et l'observation est souvent un facteur de compréhension du mouvement, conscient ou inconscient), et surtout on s'imprègne de la musique et des diverses énergies des grands orchestres de tango. Enfin on y expérimente et met en pratique pour soi même. En comparant ceux qui sont allés rapidement en bal par rapport à ceux qui ne l'ont pas fait parmi des personnes qui ont débuté l'apprentissage en même temps, il n'y a pas photo.

LE CONSEIL (N°2): apprenez aussi à changer de role.
Pensez d'entrée de jeu non pas en termes de rôle homme/femme mais guideur(se)/guidé(e). Les techniques fondamentales à acquérir sont en effet les mêmes quel que soit le rôle. Historiquement d'ailleurs en Argentine et en Uruguay les hommes apprenaient en se rendant dans les practicas (à l'époque interdites aux femmes). Celui qui voulait apprendre à guider devait d'abord apprendre à se faire guider. Ainsi il comprenait mieux les tenants et les aboutissants de la connexion et du guidage et il avait aussi plus de cartes dans sa manche quand il passait en mode guideur. Aujourd'hui le monde du tango en Europe est (enfin) mûr pour cette approche et il n'est plus rare désormais de voir des hommes danser ensemble, des filles guider des hommes etc. Assez souvent, ceux qui pratiquent l'échange de rôle sont d'ailleurs parmi les meilleurs danseurs. Petite précision: le fait de pratiquer le changement de rôle n'a aucune incidence sur vos orientations sexuelles, et vice versa.

CONSEIL N°3: rappelez vous toujours que le tango n'a pas besoin d'adjectif.
Une approche marketing peut tendre certains enseignants à accoler un qualificatif  au mot tango (la plupart du temps en le reliant à un style spécifique). Cette approche vise souvent à laisser penser à une spécificité particulière (et partant, à opérer une segmentation du "marché"). Nous jugeons cette approche réductrice. Pour nous, la responsabilité du transmetteur de tango doit etre de donner les outils nécessaires au développement par chaque danseur de son propre style en fonction de ses caractéristiques et non pas à l'enfermer dans un modèle spécifique préfabriqué, nécessairement réducteur. C'est pourquoi nous faisons le choix de concentrer l'enseignement sur les fondamentaux qui permettent à chacun d'approfondir ce qui lui convient le mieux: abrazo fermé, ouvert, semi ouvert, mouvement "tombé", "soutenu" ou "projeté" et bien sûr encourager le mix de tout ça le plus personnel que chacun pourra développer
CONSEIL N°4: Gardez toujours à l'esprit que la créativité passe par une maitrise préalable des codes.
"L'intérêt de maitriser une technique, c'est qu'elle permet d'exprimer un sentiment" disait Picasso. C'est encore plus vrai en ce qui concerne la danse. Un des discours les plus démagogiques et mensongers réside dans le discours qui consiste à dire "on s'en fout de la technique, on est là pour briser les codes   et exprimer toute notre créativité". Encore faut il avoir acquis la palette des moyens pour l'exprimer... Généralement cette démarche aboutit paradoxalement à faire ressortir des clichés récurrents dans le mouvement et à se traduire en bal par une incapacité à co-exister avec les autres.
Sur le plan musical par exemple vouloir à toute force danser systématiquement sur autre chose que les tangos des orchestres de référence  ( un certain nombre de milliers quand meme) traduit assez souvent une difficulté à en tirer la substantifique moelle. Ce n'est pas parce que le son est moderne et la mélodie jolie que le rythme n'est pas plat...

ASSOCIATION CAMINITO TANGO
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